Les échelles de prurit

Les échelles de prurit

Comme vous avez peut-être pu le constater, un score de prurit est intégré dans mes comptes-rendus de consultation.

Lors des consultations de dermatologie, le prurit fait très souvent partie du tableau clinique : il s’agit du premier motif de consultation en dermatologie vétérinaire. Au cours de la consultation, il est intéressant de pouvoir le qualifier et le quantifier de façon reproductible pour pouvoir suivre son évolution au fil des consultations, en fonction des traitements administrés et évaluer la qualité de vie de l’animal atteint de dermatose prurigineuse, et celle de ses propriétaires. 

Le prurit c’est pas automatique ?

Le prurit est défini comme une sensation désagréable entraînant l’envie immédiate de la soulager par divers comportements dont le grattage, le léchage. Son intensité apparaît très variable en fonction de la dermatose et de sa description par les propriétaires.
Il peut devenir extrêmement pénible à vivre pour les animaux ainsi que par les propriétaires. Il est par conséquent un élément crucial de la notion de qualité de vie des animaux atteints de dermatose prurigineuse, et notamment de dermatite atopique.

Les scores de prurit en consultation

Lors de la consultation, il est important de décrire aux propriétaires les différentes formes de prurit qui peuvent être manifestées par l’animal : grattages, frottements, léchage et mordillements. Ils seront ainsi en possession des éléments importants pour décrire la maladie de leur animal. En effet, une dermatose peut parfois être spontanément décrite comme non prurigineuse, mais lorsque l’on questionne les propriétaires, on découvre que le léchage n’est parfois pas considéré comme une façon de se gratter.

Dans cette vidéo, Lucéro manifeste son prurit par du grattage, du léchage, des mordillements, il ne s’interrompt pas toujours lorsqu’on l’appelle, et ça l’a occupé une bonne partie de la consultation! Imaginez à la maison, l’impact sur la qualité de vie de l’animal, et de celle des propriétaires…

Il apparaît donc intéressant et très pertinent de pouvoir quantifier et mesurer au sens propre du terme, avec le plus de précision possible, un ressenti et une description très subjective des propriétaires.
Avec la sévérité des lésions, l’évolution du score de prurit nous permet d’évaluer et quantifier l’évolution d’une dermatite, ainsi que l’efficacité d’un traitement.

Les différentes échelles de prurit

Il existe différentes échelles de mesure : les échelles numériques, les échelles analogiques, les échelles comportementales, et les échelles visuelles analogues. En cas de prurit, les échelles les plus descriptives dans le comportement semblent plus parlantes pour les propriétaires. Cependant, aucun score n’a été validé de façon consensuelle par les groupes d’experts vétérinaires internationaux.

Les échelles numériques :

0 : ne se gratte pas – 5 : se gratte aussi fort et souvent que l’on puisse imaginer, quel score correspond au prurit de votre chien ? Le prurit inclut les grattages, frottements, léchage et mordillements.

Les échelles analogiques :

      I———I———I———I———I———I
    Prurit                                                           Prurit
   Absent                                                          sévère

Les échelles comportementales :

Ces échelles regroupent un ensemble de plusieurs descriptions de prurit d’intensité variable. Il en existe différentes formes, basées généralement sur des critères comportementaux ou de gravité.

  • Chien normal, pas plus de démangeaisons qu’avant le début de la maladie.
  • Épisodes occasionnels de démangeaisons ; augmentation mineure des démangeaisons par rapport à son état avant le début de la maladie.
  • Épisodes plus fréquents de démangeaisons quand l’animal est éveillé ; pas de prurit lorsqu’il mange, dort, joue ou est distrait.
  • Épisodes réguliers de démangeaisons quand l’animal est éveillé, parfois des épisodes nocturnes ou qui le réveillent ; pas de prurit lorsqu’il mange, joue ou est distrait.
  • Épisodes prolongés de démangeaisons quand l’animal est éveillé, parfois des épisodes nocturnes ou qui le réveillent ; les démangeaisons peuvent se produire lorsqu’il mange, joue ou est distrait.
  • Prurit presque constant ; les démangeaisons ne sont pas interrompues en essayant de distraire l’animal, même en consultation.

Dans l’évaluation du prurit par les propriétaires avec des échelles de prurit, les notes extrêmes sont assez fiables mais les notes moyennes sont plus floues et plus difficiles à préciser.
Il est devenu nécessaire de combiner plusieurs échelles, notamment associer une échelle analogique visuelle à une échelle comportementale. Le seul score ayant réellement été étudié et plus ou moins validé est une échelle analogue visuelle (Hill et al., Vet Dermatol 2008). Cet outil a démontré une certaine facilité d’utilisation, et une relative reproductibilité.

Pour reprendre notre Lucero, sachant qu’il se gratte intensément, qu’il ne s’interrompt pas toujours quand on le distrait, il pourrait être gradé à 8-9 sur l’échelle de Hill.

Dans les essais cliniques, les échelles sont plus complètes, associant l’intensité et la fréquence, et dans un souci de reproductibilité de la notation, les animaux sont équipés de colliers moniteurs d’activité et sont sous vidéo-surveillance, notamment pendant la nuit.

Conclusion

La plupart des échelles de prurit utilisées en dermatologie vétérinaire sont dérivées de méthodes de médecine humaine. Il n’en reste pas moins que chacune présente ses avantages et ses inconvénients, et qu’aucune n’est validée de façon consensuelle. Une standardisation des méthodes de quantification et de caractérisation du prurit paraît nécessaire, à l’instar des scores lésionnels CADESI. Le groupe de travail de l’ICADA (International Comittee for Allergic Diseases of Animals) a été formé afin d’harmoniser les systèmes de cotation et les recommandations dans le diagnostic et la prise en charge de la Dermatite Atopique.

A visiter:

http://icada.org/

http://www.k9ad.net/

Bibliographie

  • Hill, P.B., P. Lau, and J. Rybnicek, Development of an owner-assessed scale to measure the severity of pruritus in dogs. Vet Dermatol, 2007. 18(5): p. 301-8.
  • Rybnicek, J., et al., Further validation of a pruritus severity scale for use in dogs. Vet Dermatol, 2009. 20(2): p. 115-22.
  • Plant, J.D., Correlation of observed nocturnal pruritus and actigraphy in dogs. Vet Rec, 2008. 162(19): p. 624-5. 26.
  • Nuttall, T. and N. McEwan, Objective measurement of pruritus in dogs: a preliminary study using activity monitors. Vet Dermatol, 2006. 17(5): p. 348-51.
  • Cordas, H. Évaluation du Prurit chez les Chiens à Dermatite Atopique: Etat des lieux des connaissances. Editions universitaires européennes, 2011, 88 p.
  • Prélaud, P. Dermatite Atopique Canine. Edition Elsevier Masson, 2017, 188 p.
Pour tout renseignement :

 

 

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